L’anxiété ne touche pas seulement la personne concernée, elle impacte aussi ses proches, famille, amis, partenaires.

Vivre avec quelqu’un qui souffre d’anxiété généralisée ou d’un trouble anxieux (agoraphobie, anxiété sociale, attaques de panique…) c’est souvent entrer dans un monde que l’on ne comprend pas forcément et qui peut déstabiliser.

Comment imaginer ce qui se passe chez son compagnon/sa compagne, un-e ami-e, une-e proche, son enfant, que vous accompagnez à une sortie et qui, tout d’un coup, se met à trembler, à manquer d’air, qui se voit mourir… alors que juste avant, tout allait bien ?

Comment imaginer ce que vit une personne qui passe son temps à s’inquiéter pour ses enfants, à penser qu’il peut leur arriver quelque chose de grave, à tourner en boucle alors qu’ils vont très bien et n’ont pas de problèmes particuliers ?

Comment imaginer que la personne puisse préférer rester chez elle plutôt que d’assister à un spectacle (alors qu’elle adore ça) parce qu’elle a peur de la foule et pense qu’elle fera un malaise ?

Comment imaginer ce qui se passe chez une personne qui doit parler devant un public et qui est persuadée qu’elle n’y arrivera pas, qui anticipe qu’elle va se tromper, bégayer, rougir, être jugée… et qui, le jour J, dira qu’elle est malade pour ne pas assurer sa présentation ?  

Je pourrai citer des tas d’exemples tellement les manifestations de l’anxiété peuvent être variées.

Vous les proches, vous êtes forcément impactés et vous pouvez ressentir :

  • du stress émotionnel car vous vivez souvent dans une tension constante. Il faut parfois rassurer, apaiser des crises, gérer des comportements imprévisibles ou d’évitement, ce qui peut être très fatigant sur le long terme.
  • un sentiment d’impuissance car, malgré votre aide, il n’y a pas de changement et vous pouvez vous sentir dépassé-e, ne pas savoir quoi dire, quoi faire.
  • de la frustration, de l’insatisfaction car il faut parfois modifier ce qui était prévu, revoir les projets, organiser/réorganiser des activités. Vos efforts ne sont pas toujours reconnus. 
  • des impacts sur votre santé mentale et il n’est pas rare de voir des proches de personnes anxieuses développés également des troubles (anxiété, stress, dépression…).
  • des tensions/conflits dans la relation parce qu’il n’est pas toujours facile de se comprendre. Les malentendus, le besoin constant de réassurance ou la peur d’aborder certains sujets peuvent engendrer des disputes ou du silence prolongé. De même, si vous devez compenser (gérer des choses seul-e, assumer plus de responsabilités…) un déséquilibre risque de se créer.
  • du découragement voire de l’épuisement face à des situations impermanentes (certains jours ça va, d’autres, c’est plus compliqué)

 

Quelques conseils pour mieux vivre votre situation :

  • Vous aussi, mettez des mots sur ce que vous vivez. Vous avez le droit d’être fatigué-e, agacé-e, frustré-e, démuni-e, découragé-e parce qu’être au côté d’une personne anxieuse, ce n’est pas facile.
  • Informez-vous sur le trouble anxieux de la personne vous aidera à mieux comprendre ce qu’elle vit pour la soutenir plus justement. 
  • Maintenez une communication claire et bienveillante avec la personne anxieuse. Osez aborder le sujet entre vous, partagez vos facilités et vos difficultés. Rappelez-vous que pour l’un-e comme pour l’autre, cette situation n’est la faute de personne. 
  • N’hésitez pas à verbaliser et respecter vos propres besoins pour pouvoir l’aider, la soutenir (besoin de communiquer, de prendre du recul, de relâcher, d’être écouté-e, de comprendre…).
  • Reconnaissez vos propres limites et prenez soin de vous. Vous n’êtes pas obligé de tout accepter et ça ne fait pas de vous une mauvaise personne. 
  • Souvenez-vous que vous ne pouvez pas faire le chemin pour la personne anxieuse, que c’est à elle de se prendre en charge, de se faire aider par un professionnel si besoin. Vous êtes l’ami-e, le/la conjoint-e, le parent… mais pas le/la thérapeute. 
  • Cherchez du soutien dans votre entourage mais aussi auprès de professionnels ou de groupes de soutien si vous en ressentez le besoin. Vous pourrez partager ce que vous vivez sans jugement, apprendre à réguler vos émotions par exemple.
  • Reconnaissez votre rôle dans ce soutien que vous pouvez apporter à votre conjoint-e, ami-e, proche. Et vous n’avez pas à vous sacrifier car la relation pourrait en pâtir à un moment ou un autre. Vous êtes probablement très important-e pour lui/elle et votre soutien lui est essentiel. 

 

Attention, soutenir ce n’est pas surprotéger !

Je fais une petite parenthèse sur le fait que soutenir ne veut pas dire tout accepter, faire à la place, trouver des solutions, plaindre, se rendre malade etc… D'ailleurs, la personne qui souffre d'anxiété ne le souhaite pas.

Soutenir, c’est être présent-e, être à l’écoute sans jugement, sans donner de conseils du type : « arrête d’y penser ! », « remue-toi », « respire et ça ira mieux », ou « tu devrais te forcer à… ». Comprenez bien que la personne anxieuse ne fait pas exprès d’être dans cet état et qu’elle ne peut pas contrôler tout ça sinon elle le ferait, non ?

Autre point important à souligner dans ce rôle de soutien : souvent, en voulant aider la personne, vous pouvez être tenté-e de faire les choses à sa place pour lui éviter du stress ou la décharger de toute responsabilité. C’est bien intentionné, mais malheureusement, c'est contre productif car vous la maintenez dans son trouble. 

Par exemple, une personne a peur de passer un appel téléphonique. Si vous le faites pour elle, elle sera soulagée sur l’instant mais la prochaine fois qu’elle devra téléphoner, elle ressentira la même angoisse.
Votre soutien serait de l’aider à passer ce coup de téléphone en lui proposant de rester à ses côtés, en préparant cet appel, en le répétant ensemble, en la rassurant sur le fait qu’elle peut y arriver et que si ce n’est pas parfait, ce n’est pas grave du tout. Bref, parlez-en ensemble pour l’aider à avancer.

Autre exemple : votre enfant ne veut pas aller à la boulangerie car il souffre d’anxiété sociale, il a peur de parler au commerçant. Si vous dites à votre enfant, « ce n’est pas grave, t’inquiètes, je vais y aller », il va être certainement très soulagé. Le problème c’est que ce sera pareil le lendemain, le surlendemain et tous les jours. Donc là, vous l’aider à renforcer son comportement d’évitement et donc l’anxiété.  Si vous dites à votre enfant « Je comprends que c’est difficile pour toi. On pourrait voir ensemble comment je peux t’aider à y aller ». Vous devenez alors un soutien qui va encourager un autre comportement sans faire à sa place. Et c’est ensemble que vous mettrez en place des étapes pour y arriver (le 1er jour, vous y aller ensemble et lui reste à vos côtés, le 2ème jour, c’est vous qui parler et lui il paye etc…). Et là, vous l’aidez à renforcer un comportement d’exposition progressive (petits pas par petits pas) qui l’aidera à reprendre confiance en lui.

Comprenez bien que si vous faites à la place de la personne, si vous comblez ses évitements, si vous prenez systématiquement le relais, cela soulage sur le moment... mais confirme à la personne qu'elle n’est pas capable d’affronter la situation elle-même… et renforce son anxiété. 

Alors, même si c’est très inconfortable pour vous, ne faites plus à sa place, soyez juste à ses côtés, soyez présent-e, à l’écoute, trouvez ensemble ce qui la rassurerait (lui prendre la main, lui parler pour la rassurer, l’aider à faire un exercice qui la calme…)

Rappelez-vous que la personne anxieuse peut apprendre à réguler et mieux vivre avec son anxiété mais c’est son « travail » à elle et elle aura certainement besoin d’un professionnel. Vous pouvez l’encourager à aller dans ce sens car on peut s’en sortir. 

Voilà, cher-es compagnes/compagnons de routes de personnes souffrant d’anxiété+++, j’espère vous avoir éclairé-e sur ce que vous vivez et comment vous pouvez agir. 

Prenez soin de vous !

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